• Prologue

    Prologue

     

     

     

     

    4 ans plus tôt

      

    Salut daron.

    Ca fait un bail que je t'ai pas écrit, mais avec Papy, on bouge tout le temps. La roulotte, elle voit du pays, et nous avec.

    Faut dire que depuis que t'es au chtar, c'est chaud galère. Papy veut plus voir les relous de la bande, rapport qui t'ont lâché aux keufs, il fait plus de business non plus, et tu le vois monter au braquo à son âge?

    Il a trouvé un plan pas foireux: parait qu'à Sunset Valley, y a un big terrain à récupérer gratos, si on le met clean. A deux, le vieux et moi, ça doit le faire, non?

    Me réponds pas. Ton baveux m'inspire pas.

    T'M. Gina.

      

    Salut daron.

    Bon, ben on y est au terrain.

    Mais je crois que le Vieux, il est grave à l'ouest! Schouf le truc, qui m'a dit!

    Ouais. Tu parles que j'ai maté. Et puis j'ai pété une durite, aussi. Comment qu'y veut qu'on fasse pour démerder ça, l'Ancien?

    C'est pas un terrain, ça! C'est une putain d'usine en ruines, ouais! Même en chaffant tous les jours, on en a au moins pour 10 piges! Ouais, je sais, ça fait moins que toi, mais quand même!

    Bonjour les cheminées! Comment on va les tomber?

    Ca, c'est relou à mort: ils puent d'ici. 10 contre un que ça te défonce plus qu'un oinje de maroco, mais sans le fun. Je sais, je sais, je suis trop jeune pour méfu, mais tu crois que j'ai jamais vu vos tronches, au Vieux et à toi quand vous étiez dézingués de fond?

    Et les murs? Et les tuyaux?

    Et je te cause même des tas de merdier qui trainent partout. Nan, mais allô quoi, faut qu'il arrête la beuh, Papy.

    Bon, après, je me suis retournée. Et là, clair, ça calme grave. Parce que si on s'en sort, ça vaut le coup:

    C'est quand même pas moche, quoi!

    J'espère que ça va pour toi.

    T'M toujours. Gina.

     

    Salut daron.

    Papy m'a expliqué: le terrain, il sera à nous quand on aura tout déblayé. Mais d'ici là, tout ce qu'on sort, on peut le vendre. C'est ça, le truc. Parce que les tuyaux, ça fait un putain de poids de ferraille! Et au poids, ça paye la bouffe et le kawa.

    Alors je m'y suis collée. La Reine de la clé à molette! La Princesse du chalumeau! Voilà ce que je deviens!

    Et puis, tant qu'à gagner sa croute en se couchant sur le dos, j'aime mieux que ce soit pour déboulonner un réservoir! Sinon, je crois tu le vivrais mal... T'inquiète pas, l'arnaque, je crois qu'on l'a assez payé dans la famille. Moi, en tout cas, j'arrête là.

    Et c'est pas parce que je marne à donf que je fais plus la conne, hein. Sinon, je crois que je péterais un boulon. Et les boulons, c'est pas ce qui manque!

    Papy a réparé un vieux bidule, ça nous a fait un bonus. Mais on avance quand même pas.

    Tu vois le temps qui va nous falloir pour tout virer à la main? Et on se ruine le dos avec les poubs' de dawa: c'est lourd comme la connerie d'un juge, ces trucs là!

    Bon, je te laisse, faut que je fasse à bouffer. Et je suis toujours aussi nullarde!

    T'M. Gina.

     

    Salut daron!

    Là, on est passé au plan B. Parce qu'à la vitesse où on allait, dans cent piges on y était encore. Alors Papy, il a sorti les vieux souvenirs. Genre le Viet-Nâm. Et le T.N.T. Bon, je suis pas sûre qu'il aie vraiment appris ça là-bas, ni qu'il aie fait sauter des forts viets, je crois plutôt que c'était pour les banques, mais je fais comme si.

    En même temps, j'avais pas trop confiance, au début. Il est cool, Papy, mais le plastic, je suis pas sûre que ce soit si fantastique que ça!

    Ben je me gourais. On dirait qu'il sait ce qu'il fait. Et là, claro, ça avance!

    Même que maintenant c'est moi qui fait tout péter! Une, deux, trois...

    Et boum! Nan, je déconne: Papy veut pas. Il dit qu'on sait jamais, que des fois ça peut nous revenir à la gueule méchant sévère.

    Il a pas tort, au fond! Remarque, là, je trouve qu'il fait bien "Rambo 14: démission", avec le camo qui va bien. Mais celle là, c'est notre guerre, mon colonel.

    Encore un an et on verra le bout du truc! Et on pourra se poser dans un coin à nous. Putain, c'était quand, la dernière fois? Juste avant que Maman meure, non?

    Pardon. J'aurais pas dû reparler de ça.

    Tu me manques! T'M fort.

    Gina.

     

    Salut daron.

    C'est pas cool. Papy est malade. Je voyais bien qu'il me cachait quelque chose, mais là, c'est plus pareil: je suis sûre.

    Je l'ai trouvé en train de cracher du sang. Putain, ce vieux con, il a fallu que je le menace de lui maraver sa chetron pour qu'on aille à l'hosto. Les poumons, ils ont dit. Ce qui fait chier grave, c'est que notre contrat, c'est un contrat de vente à conditions, comme ils disent, pas de travail. On s'est fait arnaquer méchant. Du coup, Papy, il paye tout: pas de couverture médicale pour lui!

    Je te jure, j'ai pété un de ces coups de turbo! En fait, les Grady, les gars de la casse d'à côté, ils sont venus nous filer un coup de main. Gratos. Ils savent, pour Papy. Et comme eux aussi, ils sont raides fauchés, ils comprennent.

    Mais même avec le traitement, ça va mal. Et je sais pas si il supporte vraiment ses médocs.

    Ce soir, il ne reste presque plus rien. En fait, je crois qu'on va pas rester là, avec Papy.

    On en a parlé toute la soirée. Si on vend le terrain, ça nous fera un max de thunes, et on pourra soigner Papy. L'hospitaliser. Enfin, faire tout ce qu'on peut pas faire sans une flèche en poche. Parait que ce bout de terre, 'il vaut pas loin de 15 000 $! Ca fait de quoi tenir un moment, ça!

    T'M. Gina.

     

    Salut papa.

    Mauvaises nouvelles.

    Papy est mort ce matin. Son coeur a lâché, ou je sais pas quoi. En fait, ce vieux couillon me mentait depuis trois semaines: à l'hosto, ils avaient arrêté de le soigner.

    Parce qu'il pouvait plus payer. J'ai retrouvé la lettre dans la roulotte. Pas de couverture sociale, pas de soins lourds pour votre cancer. Le pire, papa, c'est que ce putain de crabe, il l'a pécho avec les saloperires de vapeurs de produits de merde des réservoirs qu'il faisait sauter. Parait que sur des poumons vieux comme les siens, c'est radical. Tout le monde s'en doutait, ici. Ils ont tous fermé leur gueule. Qu'est-ce qu'ils en avaient à foutre, tous ces connards, qu'on crève?

    J'ai cramé la roulotte. Je ne vais pas me tirer d'ici. Jamais. Ils vont payer, tous.

    Je l'avais juré à Papy: pas d'arnaques. Je vais me planquer un mois: d'ici là, j'aurai 18 ans. Puisqu'ils croient que le fric peut tout, je vais leur chourrer. Pas au flingue. Au stylo. Et quand leur putain ville, elle sera à moi, je les ferai ramper à mes pieds, ces chiens. Ils pleureront comme moi ce soir.

    Je te le jure, Papa: quand tu sortiras, tu les verras me donner du "Madame" et me causer tout mou.

    T'M. Gina qui pleure.

     

    Les prémisses »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 2 Mai 2014 à 20:42

     Le ton m'a un peu dérouté au premier abord. En fait, je ne m'attendais pas à ça venant de toi, je ne sais pas pourquoi... Bref, j'aime bien comment tu plantes le décor et je suis curieuse de découvrir la suite. :)

    2
    Vendredi 2 Mai 2014 à 20:42

    C'est génial. J'adore le ton, la façon de traiter les choses de la demoiselle. Une parfaite introduction (d'un legacy/dynastie?), franchement, j'attends la suite avec grande impatience^^ 

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    3
    Vendredi 2 Mai 2014 à 21:10

    Woah! J'adore! La façon de parler à Gina j'adore! *-*

    Je veux vraiment savoir la suite, ton histoire m'intrigue! :D

    4
    Samedi 3 Mai 2014 à 10:18

    Je découvre ta chronique avec grand plaisir.  Gina, à peine le prologue lancé, est déjà un personnage fort qui touche et intrigue.  La situation est peu commune et la narration par courrier me plait énormément (c'est un style qui m'attirait depuis longtemps).

    Je me réjouis déjà de découvrir "4 ans plus tard...".  Super!  J'adore!

    5
    Vendredi 9 Mai 2014 à 14:49

    C'est avec plaisir que je découvre ta chronique grâce à Eulaline bravo, j'aime beaucoup c'est original et sa te démarque de beaucoup de personnes. Bravo

    6
    Mardi 20 Mai 2014 à 06:53

    Tes commentaires sur le blog d'une amie commune m'avaient intriguée...
    Hé bien je ne suis pas déçue !

    Bravo ! Présentation plus qu'originale du legacy, et je n'imagine même pas le "travail de recherches" que tu dois faire pour la rédaction.

    Je suis déjà fan de Gina, prête à la défendre bec et ongle contre l'adversité, sa personnalité me séduit complètement.

    J'ai hâte de savoir comment elle va s'en sortir seule. Putain de crabe !

    7
    Mercredi 7 Janvier 2015 à 11:46
    Noctie

    Waw, quelle plume! J'avoue que je ne comprends pas tout l'argot utilisé mais le sens y est quand même. :)

    En tout cas, employer ce ton et cet angle de vue pour commencer une legacy, c'est super original. Bravo!

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