Chapitre trois

Salut Daron!

Ca t'a plu, le style Gina pour krabouiller les nuisibles? Ben figure toi qu'à moi aussi! Parce que le Daily Sims, ils ont filé un méga-bonus au scottish.

Et son article est en course pour le Pulitzer. Je sais pas trop ce que c'est, , mais il parait que c'est le top du top pour un journaleux. En tout cas, c'est moins grave qu'Alzeihmer. Et tu sais quoi? Lui, il fait mentir son sang: il n'est pas radin: il a fait 50/50 avec moi.

Comme en plus je suis passée ultra-grouillotte, (en fait, grouillotte-chef), j'ai fait refaire la casba. De toutes façons, Steve (tu sais très bien qui c'est, maintenant, hein: mon régulier), il a des prix sur tout. Pratique d'être patron de casse et mécano de chantier, non? Alors, maintenant, on crèche là-dedans:

Pas trop dégueu, pas vrai? Et encore, t'as pas vu l'intérieur. Alors, je te le montre. Chouf un peu:

 Ouais, c'est Steve qui pris la photo. Moi, je pionçais comme une baleine échouée. Même pas foutue de mater mon film jusqu'au bout!  Faut dire que j'fais pas semblant de chaffer.

Parce qu'il faut bien se faire la graille. Remarque, c'est Steve qui s'en occupe. Il est plutôt bon cuistot. Heureusement, parce que moi, je suis une vraie bille derrière un fourneau. Riz, nouilles ou patates: voilà, t'as le choix si je m'en occupe!

Ouais, on a aussi une vraie salle de bains! Finies, les douches au gymnase. A moi la baignoire, l'eau bien chaude et  même pas polluée! Que du bonheur, j'te dis!

Et notre chambre, avec nous dedans. T'inquiète, on avait mis le retardateur sur l'appareil photo, y'a pas de gonzier en train de nous mater en petite tenue chez nous! De toutes façons, si y'en avait un qui essayait, il se ferait maraver la tronche sévère. On n'est pas des anges, ni l'un, ni l'autre.

Quand je te disais que j'étais über-grouillotte, ça me fait penser que je t'ai jamais envoyé de photos de mon taf. Alors voilà, c'est dans cet immeuble moche à mourir que je passe mes journées, et parfois mes soirées:

Et même que ça, c'est la porte de mon bureau. Celle avec le 1, vu que je suis la n°1 du "service de soutien aux opérations commerciales". Bref, un peu secrétaire, un peu juriste, et beaucoup nettoie-merde des commerciaux quand ils se plantent.  C'est-à-dire souvent.

Et ça, c'est MON bureau. Mon antre. Ma tanière. La photo fait croire que c'est grand, mais en vrai ça fait à peine 12m². Mais avec MON nom sur la petite plaque en métal sur le bureau (et sur la fiche de présence, contre la porte).

Et MON ordinateur. C'est Steve qui a pris la photo en venant me chercher un soir. Parce qu'on a toujours qu'une guimbarde pour tous les deux. On peut pas tout faire en même temps!

La vérité, c'est que nous ne sommes pas des feignasses, et que nous passons beaucoup de temps à travailler, même à la maison. Faut pas croire, les bouquins qu'on se tape, c'est pas des polars: c'est de l'économie, de la gestion, et surtout beaucoup de culture générale, parce que, niveau école, on peut pas dire que j'y ai mis beaucoup les ripatons...

 On bosse dur. Le thune, elle vient pas toute seule. Et Papy, je l'ai pas encore vengé. Pas entièrement. Il me reste plein de trucs à faire, mais je t'en causerai bientôt.

Au fait, pendant que j'y pense: Papy, maintenant, ça va être toi.

Ben ouais. Je suis enceinte! Et heureuse de l'être, en plus. Steve aussi, d'ailleurs, est fou de joie. Voilà. C'est fait, c'est dit, alors je te laisse, parce que je crois que tu dois être en train de péter un câble sévère. Vois les choses du bon côté: pour le mariage et le baptême, t'auras peut-être ta première prem', non?

Ta Gina qui pense à toi.

Monsieur Giacometti,

Je me permets de vous écrire pour vous relater certains évènements qui viennent de se produire. Rassurez vous, votre Gina se porte très bien, mais sa situation est difficile.

Je sais que Gina vous a déjà parlé de moi: je suis le Scottish, Andrew Mc Millan. Le journaleux, comme elle dit.

Vendredi soir, elle a été retrouver Steve au Parc des Aulnes. Ils voulaient parler de leur mariage, et il faut bien reconnaître que le cadre s'y prête à merveille.

Ceci dit, votre fille était un peu inquiète et très intriguée. Ce soir là, elle avait travaillé tard, car elle voulait que tous ses dossiers soient à jour lorsqu'elle prendrait son congé de mariage. Vers dix heures, son ordinateur a eu un léger problème, du genre de ceux qu'une bricoleuse émérite comme elle résout en deux minutes. C'est en se relevant que son regard a été attiré par un trio qui se dirigeait vers les locaux de Plenozas Industries Inc.

Ces trois là, Gina les connaissait. Depuis longtemps. Très longtemps.  La famille O'Leary.  Au complet:  Sean, le père, et ses deux fils, Sioban et Finn. Mais je crois que je n'ai pas besoin de vous les présenter...

Que venaient-ils faire chez Plenozas? Là est la question. Celà dit, la présence de Steve et leur discution romantique quant à leur mariage prirent bien vite le dessus, même si elle se promit de chercher à comprendre plus tard.

Malheureusement, quand Steve dut s'absenter quelques minutes pour aller chercher de quoi grignoter à l'épicerie du coin de la rue, Gina, fatiguée, choisit de rester sur son banc, dans le parc. Et c'est alors qu'elle le vit surgir devant elle. Sean O'Leary, apparement fort mécontent. Je pense que vous connaissez la cause de sa colère... Elle brûle depuis l'affaire de la Chase Manhattan Bank, dont le butin ne fut jamais retrouvé, ni semble-t-il, partagé, si je ne m'abuse...

A ce qu'il semble, il avait vu le nom de votre fille sur la porte du bureau de celle-ci chez Plenozas, ce qui, au demeurant, prouve bien qu'il s'y était rendu. Et il avait beaucoup de choses à dire à la famille Giacometti.

Le ton monta très vite entre eux. Quoi de surprenant... Un Irlandais et une Italienne, ce la ne fera jamais deux grands calmes. Sean O'Leary en vint la mencer, lui intiment l'ordre de rendre le butin, dont, je crois, vous ne vites jamais la couleur non plus. Mais ça, il n'était pas prêt à le croire.

Ses fils non plus, d'ailleurs. Et il ne sont jamais très loin de lui.

Mais vous connaissez Gina: elle n'est pas du genre à se laisser intimider, ou insulter, et encore moins menacer. Et il est assez évident maintenant que quelqu'un, que je soupçonne avoir été M. votre père, lui a enseigné quelques méchants tours. Par exemple, le double nelson.

Et l'utilisation bien comprise des genoux.

Le Père à terre, Sioban se rua sur Gina, et la frappa avec force, l'envoyant au tapis sur le coup .Ni la galanterie, ni la retenue ne semblent faire partie des vertus de ce jeune homme au crânre en os massif. Bref, la situation était en train de vraiment dégénérer.

Sioban, non content d'avoir tapé comme un sourd sur votre fille, en vint à la menacer, très clairement, de la tuer.Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'honneur ne les étouffe pas, dans cette famille!

C'est alors que surgit Steve. Il ne prit pas le temps de chercher à comprendre ce qui se passait. Quelqu'un menaçait sa fiancée, il s'élança à toute allure et se jeta sur Sioban, l'entrainant au sol.

Après quoi, Steve entreprit de détruire méthodiqument le visage de son adversaire à grands coups de poing, ce qui ne me semble pas avoir été imérité. Celà dit, Steve est peut-être fort mince, mais il est aussi fort musclé, et Sioban passa un mauvais quart d'heure.

Et que faisait Finn durant tout ce temps? Rien. Il regardait la scène, l'air aussi idiot et hébété que d'habitude. Surtout sans s'en mêler, le courage étant chez lui proportionnel à l'intelligence...

Steve aurait dû s'arrêter là.  Mais la rage qui s'était emparée de lui ne connaissait nulle limite, et il continua à frapper Sioban, toujours à terre et quelque peu sonné.

C'est à ce moment là que tout a basculé. Finn s'en mêla, et règla le problème comme un lâche peut le faire.

En tirant, par deux fois, dans le dos de Steve. Deux balles de 9 mm Parabellum, à bout portant. Steve n'a eu aucune chance. Lorsque l'ambulance est arrivée, il était déjà décédé. Et son meurtrier était déjà parti, l'air toujours aussi hébété, comme inconscient d'avoir tué un homme. Un homme bien. Steve.

Quant à  Gina...Elle était effondrée, et pleurait toutes les larmes de son corps. Sur son amour perdu. Sur sa vie une nouvelle fois brisée. Sur son enfant à naître qui ne connaîtra jamais son père.

Sur son avenir. Sur le sens du mot "vengeance". Sur les décombres de ses espoirs de retrouver un jour une vie normale.

A l'heure actuelle, Gina est chez moi. Elle dort, abrutie de calmants. J'étais la seule personne disponible en qui elle avait confiance, et elle ne voulait pas rentrer chez elle, seule avec ses souvenirs détruits. Demain, je l'aiderai à se trouver un autre chez elle, si elle le veut.

Ensuite... Nous partirons en chasse. Il y a définitivement un relent de pourriture qui flotte au-dessus de cette ville. A nous de comprendre le qui et le quoi. Nous vous tiendrons au courant.

Respectueusement,

Andrew Mc Millan.